• guerres saintes

    guerres saintes

     

    Les batailles du Prophete Mohammed, appelées en arabe مغزى, maḡzā, expédition  ; campagne militaire et غزوة ḡazwa, qui a donné razzia  ; raid  ; incursion. Les deux mots qui désignent ces expéditions dérivent de la même racine signifiant conquérir ; envahir, dresse une liste des opérations de type militaire faites par les musulmans entre l'Hégire et la mort du Prophete.

    Principales raisons des conflits armées

    Selon Hichem Djaït, l'un des motifs essentiels du combat de Mahomet contre les Quraychites étaient qu'ils fermaient l'accès de la ville sainte aux musulmans . Une des autres raisons avancée par l'historien est que pour faire triompher l'islam du vivant du Prophète il fallait user de la force guerrière, seule option valable pour réformer et convertir les arabes qui ne comprenaient que les rapports de force à l'époque. Par ailleurs seuls les Muhajirun (en émigrant à Médine ils avaient perdus tous leurs biens à la Mecque) participaient aux expéditions contre les caravanes avant Badr

    Les règles de la guerre du prophète Mohammed

    le prophète Mohammed établit quelques règles de la guerre à l'égard de ses troupes, voici les plus notables :

    • Les prisonniers de guerre : « Le traitement des prisonniers par le Prophète retient particulièrement notre attention. D’après le Coran, la nourriture du prisonnier est gratuite : elle incombe au gouvernement musulman (Coran LXXVI : 8)… Les chroniqueurs précisent que les prisonniers recevaient la même nourriture que ceux qui les avaient capturés. Certains (…) donnaient leur pain aux prisonniers et se contentaient de dattes. Le Prophète donnait même des vêtements aux prisonniers, s’ils en avaient besoin, comme le rapportent les récits de Badr et Hunayn. On soulageait leurs souffrances ; ils avaient la faculté de rédiger un testament pour léguer ce qu’ils possédaient dans leur pays. L’Islam ne permet pas de punir les prisonniers pour leurs actes de belligérance normale : « Dans les souffrances d’ici-bas, les musulmans et les polythéistes se trouvent à égalité », répètent toujours les juristes musulmans. Les compagnons du Prophète étaient unanimes à penser qu’un prisonnier de guerre ne peut être puni de mort. Les crimes de guerre, les crimes civils commis contre des sujets musulmans n’entrent évidemment pas en question. Selon le Coran, le traitement des prisonniers comporte ou bien la libération gratuite ou bien une rançon, qui peut se régler même par un échange (Cor. XLVII : 5). Il y a dans la vie de Mahomet de nombreux exemples de ces différents traitements. Dont l’esclavage… »

    Cependant, en l'an II de l'Hégire, après une attaque de marchands de la Mecque, les musulmans capturèrent pour la première fois soixante-dix ennemis, juste après Badr ; Mahomet se concerta avec ses amis, sur ce qu'ils devaient faire de ces prisonniers, une situation nouvelle. Alors qu'Umar ibn al-Khattab proposait de les tuer tous, et abu Bakr de les libérer moyennant rançon, Mahomet dit : « qu'on exigerait d'abord une rançon, quitte à tuer ceux pour qui personne ne paierait. » Il semblerait qu'aucun prisonnier ne fut exécuté, sauf pour des crimes civils individuels? Selon d'autres versions, Mahomet ne dit pas qu'il faudrait exécuter les prisonniers.

    • L’interdiction de tuer les non-combattants. Mahomet interdit strictement de tuer ceux qui ne font pas partie de l’armée : en effet, dans le Sahih-i Muslim (Kitab-i Jihad was-siyar), chez Sarakhsi (kitab al-Mabsut, siyar al-Kebir), etc. , celui-ci interdit strictement de tuer les vieux, les femmes et les enfants ne portant pas d'arme. Seuls les dégâts collatéraux involontaires sont tolérés dans le Sahih-i Muslim (ouvrage de base de l'Islam). Mahomet envoya le message suivant à ces chefs militaires qui commençaient le Jihād contre les agressions hostiles et pour défendre les territoires musulmans :

    « Avancez au nom de Dieu, avec Dieu, sur le chemin du Messager de Dieu. Cela signifie, ne tuez pas les personnes âgées, les nourrissons ou les enfants et les femmes. Ne dépassez pas les limites appropriées. Rassemblez vos butins et faites la paix et faites le bien. Car Dieu aime les bienfaisants. »

    Cependant, la condamnation à mort existe en islam. La peine de mort est appliquée dans un contexte extra-militaire..

    • L'interdiction de brûler l'ennemi. Il est interdit de brûler l’ennemi avec le feu car Mahomet a dit, « Tuez [l’ennemi], mais ne le brûlez pas. Car personne ne punit avec le feu excepté le Seigneur du feu ».
    • L'interdiction de mutiler les corps‏‏.
    • L'interdiction d'user de la torture
    • L'interdiction du pillage. C'est-à-dire des actes de vandalisme (vols, destruction des biens, etc.) et de violence (violence physique, viol, etc.) envers les civils. Cependant, la prise des butins de guerre étaient pratiquée après les guerres contre ceux des adversaires qui ont participé à la guerre, en dédommagement aux dégâts provoqués par la guerre.

      Liste des batailles les plus connues 

    1-la battaile de Badr :

    La bataille de Badr, aussi appelée Invasion de Safouan, est la première bataille victorieuse des Arabes musulmans. C'est la bataille de Mahomet contre le clan quraychite qui l'avait contraint à l'exil vers Médine, et eut lieu le 17 mars 624.

    guerres saintesIl s'agit de l'attaque d'une grande caravane commerciale mecquoise, voyageant de Syrie vers La Mecque, dans le but de s'emparer des marchandises. Elle était dirigée par Abû Sufyân, un Quraychite ennemi de Mahomet, qui avait rassemblé une force de 3007 hommes pour protéger la caravane. Abû Sufyân réussit à éviter l'affrontement pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, Abu Jahl rassemblait à La Mecque une force de 600 à 800 hommes pour défendre la caravane et éliminer Mahomet qui faisait obstacle au commerce mecquois.

    Les deux forces se trouvèrent face à face le 15 mars 624 à un emplacement de puits nommé Badr, situés entre Médine et La Mecque. La bataille de Badr tourna à l'avantage du petit groupe des Arabes musulmans alors que leurs adversaires étaient beaucoup plus nombreux. Elle aurait fait 72 morts du côté mecquois (dont Abu Jahl) et seulement 14 de l'autre, qui aurait en outre capturé une cinquantaine de prisonniers. Ce succès, fit beaucoup pour la réputation de Mahomet comme chef de guerre, grâce au butin qu'elle rapporta.

     

    Forces en présence

    Quraychites

    1 000 hommes ,100 cavaliers

    musulmans

    313 hommes,3 cavaliers,70 chameaux

    Pertes

    70 morts dont Abu Jahl et 70 prisonniers

    14 morts

     

     

     

    2-Bataille de Mu'tah

     

    La bataille de Mu'tah (arabe : غزوة مؤتة) a lieu en septembre 629 près du village de Mu'ta (ar) à l'est du Jourdain et d'al-Karak, entre une troupe de combattants musulmans dépêchée par le prophète de l'islam Mahomet et une armée de l'empire byzantin.

    Dans l'histoire musulmane, la bataille est due au meurtre d'un émissaire qui avait été envoyé vers un des chefs ghassanides. La bataille se solde sans vainqueur et les deux camps se retirent. Toutefois, certains historiens modernes prétendent que cette bataille n'était qu'une expédition visant à conquérir les territoires des arabes vivant à l'est de la Jordanie.

    guerres saintesLe pacte d'al-Houdaybiyya a établi une trêve entre les forces musulmanes de Médine et les forces de Quraych qui contrôlaient encore La Mecque. Badhan, le gouverneur sassanide du Yémen, ainsi que la plupart des tribus du sud arabique s'étaient également convertis à l'islam et rejoignirent Médine pour augmenter les forces de l'armée. Mahomet fut donc libre de se concentrer sur les tribus arabes dans le Cham.

    Les historiens musulmans rapportent que Mahomet envoya plusieurs messagers, notamment aux tribus nomades des Banu Sulaym et des Dhat Talh situées au Nord (tribus sous la protection des Byzantins). Al-Harith ibn Umayr al-Azdi fut chargé de porter une lettre au chef de Bosra mais fut intercepté en chemin par Churahbil ibn Amru al-Ghassani qui le captura, le fit enchaîner puis décapiter. Mahomet fut affecté en apprenant cette nouvelle et mobilisa une armée pour châtier les coupables.

    Cette expédition fut la plus importante armée musulmane soulevée contre une armée non-mecquoise ou alliée des mecquois, excepté lors de l'événement de la bataille du fossé1 et serait la première confrontation avec les Byzantins.

     

    Forces en présence

    Armée byzantin

    200 000 combattants

    Musulmans

    3 000 combattants

    Pertes

    3 350

    12

     

    cette bataille, loin d'être une défaite, fut en fait un succès sur le plan stratégique, ils ne perdirent que 12 soldats alors que 3 350 soldats Byzantins furent tués1. De plus, les musulmans défièrent les Byzantins et firent sentir leur présence parmi les tribus arabes bédouines de la région. Un mausolée fut construit plus tard à Mu'ta sur leur tombe.

    3-Bataille de Khaybar

     

    La Bataille de Khaybar ou Khaïbar (arabe : خيبر) a opposé, lors de la septième année de l'Hégire (628-629), Mahomet et ses fidèles aux Juifs vivant dans l'oasis de Khaybar, située à 150 kilomètres de Yathrib, actuelle Médine, dans la partie nord-ouest de la péninsule arabique, actuellement en Arabie saoudite. La ville était assez riche, bien fortifiée et majoritairement peuplée de juifs avant cette expédition, qui devint le symbole de la victoire musulmane sur les juifs.

    guerres saintesLes juifs furent vaincus. Ils se rendirent et durent payer une rançon à Mahomet et donner toutes leurs terres aux musulmans

     

    L'attaque de Khaybar est la réponse au siège de Médine par leur alliance avec la Mecque lors de la Bataille du fossé. Les banu Nadir s'étant réfugiés à Khaybar ont fomenté et organisé la guerre contre Médine en s'alliant à Quraych. Huyayy ibn Akhtab, des Banu Nadir qui est à l'origine de cette bataille, sera exécuté à la fin de la bataille. Les autres seront relâchés et expulsés du Hijaz. Shibli Nomani voit l’alliance de Khaybar avec la tribu des Ghatafan, qui avait attaqué Mahomet lors de la Bataille du fossé comme la raison principale de la bataille. Il attire aussi l’attention sur l’action du chef des Banu Nadir, Huyayy ibn Akhtab, qui s’était joint aux Banu Qurayza et les avait poussé à attaquer Mahomet. Watt voit les intrigues des Banu Nadir à Khaybar comme motif principal de l’attaque. D’après Watt, les Banu Nadir avaient payé des tribus arabes pour combattre Mahomet, ne lui laissant que la solution d’attaquer Khaybar.

     

    Forces en présence

    Armée musulmane

    1400 hommes

    Armée juifs et Arabes de

     de Khaybar

     

    12000 hommes

    Pertes

    16 hommes

    93 hommes

     

     

    4-Bataille du Yarmouk

    Bataille du Yarmouk

     

    Le champ de bataille se trouve à travers les ravins de Yarmouk. Photographie prise en Jordanie à 13 km du champ de bataille.

    Le champ de bataille se trouve à travers les ravins de Yarmouk. Photographie prise en Jordanie à13 km du champ de bataille.

    Informations générales
    Date 15-20 août 636
    Lieu Rivière Yarmouk en Palestine
    Issue Victoire des musulmans qui s'emparent du Levant
    Belligérants
    Empire byzantin Rashiduns
    Commandants
    Théodore Trithyrius, trésorier de l'empereurHéraclius Khalid ibn al-Walid,
    Abu Ubayda ibn al-Jarra,
    Amr ibn al-As,
    Shurahbil ibn Hassana,
    Yazid ibn Abi Sufyan
    Forces en présence
    100 000 - 400 000 (sources primaires)
    15 000 - 100 000 (estimations modernes)
    24 000 - 40 000
    (sources primaires)
    15 000 - 40 000 (estimations modernes)
    Pertes
    70 000 - 120 000 (sources primaires)
    50 000+
    (estimations modernes)
    4 000
    Guerres arabo-byzantines
     
    Coordonnées 32° 48′ 51″ Nord35° 57′ 17″ Est  
     
     

    À l’origine de cet affrontement figure la volonté d’Héraclius d’endiguer l’avance musulmane et de recouvrer des territoires perdus dans la région. Il envoie pour cela une grande expédition en mai 636. Alors que l’armée byzantine approche, les Musulmans quittent la Syrie et regroupent leurs forces dans les plaines du Yarmouk, proches de l’Arabie. C’est là, après avoir reçu des renforts, qu’ils défont les Byzantins pourtant supérieurs en nombre. Cette bataille est aussi considérée comme l’une des plus grandes victoires de Khalid ibn al-Walid et fait de lui l’un des plus grands tacticiens et l’un des plus grands commandants de cavalerie de l’histoire.

    Contexte

    Lors de la dernière des guerres byzantino-perses, Héraclius devient empereur byzantin en 610 après avoir renversé Phocas. Dans le même temps, les Sassanides conquièrent la Mésopotamie. En 611, ils entrent en Anatolie et occupent Césarée de Cappadoce. En guerres saintes612, Héraclius parvient à repousser les Perses d’Anatolie mais subit une lourde défaite en 613 après avoir lancé une offensive majeure contre les Perses en Syrie. Durant la décennie suivante, les Perses parviennent à conquérir laPalestine et l’Égypte. Durant cette période, Héraclius prépare une contre-attaque et reconstruit son armée. Neuf ans plus tard, en 622, Héraclius lance son offensive. Après de nettes victoires contre les Perses et leurs alliés dans le Caucase et enArménie, Héraclius lance une offensive hivernale en 627 en Mésopotamie. Il y remporte une victoire décisive à Ninive qui lui permet de menacer directement Ctesiphon, la capitale perse. Discrédité par ces séries de désastres, Khosro II est renversé et tué par un coup d’état mené par son fils Kavadh II. Ce dernier entame alors des négociations de paix et accepte de quitter tous les territoires byzantins occupés par les Perses. En 629, Héraclius ramène la Vraie Croix à Jérusalem lors d’une majestueuse cérémonie.

    Pendant que Byzantins et Perses s’épuisent dans un conflit de longue durée, l’Arabie connaît un profond bouleversement politique après que Mahomet a prêché l’Islam à partir de 630. Cette nouvelle religion s’étend rapidement et parvient à unir la région sous une seule autorité politique. À la mort du prophète en juin 632Abu Bakr est élevé au rang de calife. Toutefois, des troubles agitent le début de règne de ce dernier qui voit son autorité contestée par plusieurs tribus arabes. Ce que l’on nomme aujourd’hui les guerres de Ridda éclatent alors entre les deux factions et Abu Bakr en sort victorieux. Cette victoire lui permet d'unir l’Arabie sous l’autorité centrale du calife à Médine.

    Une fois les rebelles soumis, Abu Bakr lance une guerre de conquête avec l’Irak comme première cible. Il y envoie son meilleur général, Khalid ibn al-Walid, qui conquiert ce territoire après une série de campagnes victorieuses contre les Sassanides. Ce succès accroît la confiance d’Abu Bakr et après que Khalid a installé sa forteresse en Irak, il lance un appel aux armes pour l’invasion de la Syrie en février 634. L’invasion de ce territoire est une suite d’opérations militaires soigneusement préparées et bien coordonnées. La stratégie y prime sur la force pure pour contrecarrer les mesures défensives des Byzantins. Toutefois, les armées musulmanes s’avèrent bientôt trop peu nombreuses pour s'opposer à la réponse byzantine. Les généraux musulmans doivent alors faire appel à des renforts. Abu Bakr envoie Khalid et un détachement pour mener l’invasion. En juillet 634, les Byzantins sont défaits à la bataille d'Ajnadayn. En septembre, la ville de Damas tombe. Peu après, la dernière garnison byzantine importante de Palestine est mise en déroute lors de la bataille de Fahl.

    Lors de cette même année 634, le calife Abu Bakr meurt. Il est remplacé par Omar ibn al-Khattâb qui est déterminé à poursuivre l’expansion musulmane en Syrie. Khalid, malgré ses succès, est remplacé par Abu Ubayda ibn al-Djarrah. Après avoir sécurisé le sud de la Palestine, les Musulmans progressent le long de la route commerciale passant parTibériade et Baalbek. Ces deux villes sont conquises sans grandes difficultés. Au début de l’année 636, c’est au tour d’Emèse de tomber. De là, les Musulmans continuent leur progression à travers le Levant.

    Rapport de force

    L'armée byzantine était une coalition regroupant des Grecs mais aussi des Arméniens, des Slaves et des arabes chrétiens. Les chiffres les plus divers ont été avancés à propos des effectifs engagés de part et d’autre dans cette bataille (jusqu'à 120 000 hommes pour les Byzantins). Il est cependant assez certain que les effectifs byzantins étaient au début de cette campagne de loin supérieurs à ceux des troupes musulmanes mais pour finir la victoire de ces derniers fut sans appel.

    Les chiffres les plus vraisemblables (il s’agit d’un ordre de grandeur) seraient au départ :

    – 40 000 hommes pour la coalition byzantine, dont 12 000 guerriers ghassanides, des contingents arméniens et slaves ;
    – 20 000 hommes du côté des musulmans. Le double selon R.G.Grant.

    Le rapport de force était donc de 1 pour 2 au début de la bataille ce qui explique le fait que ce soit les forces de l'empire byzantin qui ont pris l’initiative.

    Après deux jours de combat, le statu quo est maintenu sur le terrain. Lors des combats médiévaux, en bataille rangée, les pertes humaines sont généralement comprise entre 10 % et 20 % des effectifs engagés.

    En pleine bataille de Yarmouk opposant les Byzantins aux musulmans, Les 12 000 cavaliers ghassanides (des arabes chrétiens dans l'armée byzantine) qui n’avaient pas été payés depuis plusieurs mois, auraient fait défection (les musulmans leur ayant offert de payer leurs arriérés) privant ainsi les Byzantins de leur cavalerie légère. Cette défection aurait fait ainsi passer le nombre des armées musulmanes de 20 000 à 32 000.

    Ils contribuent largement à la défaite byzantine en faisant passer le nombre de Byzantins de 40 000 à 28 000 hommes et les privant de cavalerie légère pour les attaques de flanc. Ils manqueront notamment aux cavaliers lourds cataphractaires qui désormais ne pouvaient plus fixer les cavaliers arabe plus légers qui avaient tout le loisir de les harceler sur des kilomètres. Ironie de l'histoire, cette bataille conduira au démantèlement du royaume de Ghassan, le pouvoir réel leur échappait depuis l'invasion perse de 614. Même si certains se convertirent à l'islam, la plus grande partie des Ghassanides conservèrent la foi chrétienne.

    La défection des guerriers ghassanides provoque un bouleversement dans les rapports de force et donne un avantage net à l'armée musulmane qui avait bien soutenu l’assaut byzantin jusqu'à présent. Ces derniers donnent alors un assaut général qui provoque la retraite précipitée des troupes impériales, laissant environ 3 000 hommes pour retenir les forces ennemies (ce qui est d'usage pour les armées romaines dans de telles situations) pendant que le reste des troupes se dirige vers Antioche. Cela permett ainsi au gros des troupes de se retirer en bon ordre. Malheureusement pour les soldats byzantins, alors qu'ils pouvaient espérer être rançonnés, ce qui se faisait avec l'ennemi perse, les musulmans exigèrent d'eux de renier leur foi et de se convertir à l'islam, ce qu'ils refusèrent, ainsi que de payer la Jaziha (Impôt sur la religion). Ceci s'explique par le fait que ces soldats prisonniers (à la différence des civils qui ne combattent pas) sont considérés par la jurisprudence islamique comme ennemis d'Allah, du prophète et de la religion et par conséquent passibles de la peine de mort une fois entre les mains d'un musulman, à moins que le kouffar (mécréant qui a donné le mot « cafard », la blatte, en français) ne se convertisse. À ce moment-là, il sera considéré comme un « frère » et libéré.


    L'armée byzantine était commandée par le propre frère de l'empereur, Théodore, par l'Arménien Georges et par un dénommé Bannes ou Behan. L'armée musulmane était commandée par Khalid ibn al-Walid, considéré comme le plus grand stratège musulman et de tous les temps. Parmi les musulmans il y avait alors depuis peu des arabes chrétiens récemment convertis à l'islam, et comme ils avaient le teint clair, ils purent se mêler aux troupes byzantines et ramener à Khalid la nouvelle de l'imminence de l'attaque. Khalid mit aussitôt ses troupes en place. Les fantassins furent disposés en trois lignes, une première composée d'archers, la deuxième d'hommes armés de sabres, la troisième de porteurs de lances. Des cavaliers furent disposés dans les intervalles. Pour encourager ses hommes Khalid donna également à certains vétérans, soigneusement choisis à cet effet, l'ordre de réciter les versets du Coran appropriés, au moment du combat.

    Le déroulement des combats

    Le 20 août à l'aube la coalition byzantine avança en ordre de bataille. La première journée commença par quelques escarmouches ou des combats singuliers. Le combat du deuxième jour débuta par une attaque de l'aile gauche byzantine sur l'aile droite musulmane. Mais les musulmans tinrent bon et les Byzantins durent être renforcés par un deuxième bataillon puis un troisième. À ce moment-là une partie de l'aile droite musulmane se replia vers le centre et l'autre recula. Lorsque Khalid remarqua la chose, il lança une contre-attaque sur l'aile gauche ennemie et parvint, après plusieurs furieux assauts, à rétablir la situation. Le troisième jour, l'aile gauche musulmane connut le même sort. Le quatrième jour est appelé « la journée des borgnes » et débuta par des combats singuliers au cours desquels les musulmans prirent l'avantage. La perte de plusieurs de ses capitaines parmi les plus valeureux mit le généralissime byzantin dans une rage folle et il ordonna à ses archers de tirer « cent mille flèches d'un seul trait ». Elles tombèrent comme de la grêle sur les musulmans qui comptèrent plusieurs centaines d'éborgnés et d'aveuglés.

    Le cinquième jour un événement (tempête de sable ou brouillard) handicapa gravement les mouvement de la lourde coalition byzantine. Khalid donna alors aux commandants du centre et des deux ailes le signal de l'attaque générale, puis ordonna à Qaiss Ibn Habirah (le commandant de son deuxième corps de cavalerie) d'attaquer l'aile gauche byzantine, afin, par cette manœuvre, de priver l'infanterie ennemie de son appui. L'aile gauche byzantine était composée de Slaves qui se défendirent pied à pied mais, faute d'être appuyés par leur cavalerie, ils se rabattirent sur leur centre composé d'Arméniens. Le généralissime byzantin essaya de rassembler ce qui restait de sa cavalerie pour contre-attaquer mais sa cavalerie lourde ne put rivaliser avec la rapidité et la légèreté de la cavalerie musulmane.

    « les troupes du Sacellaire se retirèrent alors et les musulmans, profitant de l'occasion, engagèrent le combat. Un fort vent du sud soufflant au visage des Romains, une épaisse poussière les empêcha de voir l'ennemi, et cela fut la cause de leur défaite. Ils se précipitèrent dans les ravins du Yarmouk et y périrent presque tous1. »

    — De Goeje citant Théophane à propos de la bataille, Fragmenta historicorum ArabicorumMémoires sur la conquête de la Syrie

    Cette version est néanmoins contestée, tout comme celle qui veut que l'infanterie byzantine ait combattu enchaînée par groupe de dix. Il semble que ceci vienne en effet d'une banale erreur de traduction. Les hommes enchaînés sont peut-être tout simplement des hommes regroupés en formation serrée. Certains historiens estiment à 70 ou 120 000 morts les pertes byzantines (contre 3 ou 4 000 musulmans). D'après Tabari plus de 120 000 byzantins périrent dans le ravin de Yakouça et se noyèrent. Théodore, le frère de l'empereur Héraclius, fut tué. L'infanterie fut complètement anéantie et il ne resta que des cavaliers éparpillés dans toutes les directions, vers Damas, vers Césarée, vers Antioche et même vers Jérusalem. La défaite de Yarmouk bien que très nette n'affecta pas outre mesure les dirigeants de Constantinople, qui s'inquiétaient davantage du péril perse ou encore bulgare. Ce fut quand même la première d'une longue suite de victoires qui allaient finir par livrer aux musulmans tout le bassin méridional et oriental de la Méditerranée. La bataille du Yarmouk scella la suprématie arabe en Syrie du Nord, où la population chrétienne monophysite perçut l'avancée musulmane comme une libération du joug byzantin.

    Conséquence

    Pour l'Empire romain d'Orient, cette bataille a pour conséquence directe la perte de la Syrie et de la Palestine, et quelques décennies plus tard, celle de l'Égypte et de toute l'Afrique du Nord. Ces territoires, qui avaient été si difficilement reconquis sur les Perses par Héraclius, furent aussitôt perdus. Cette bataille montre donc l'état d'impuissance dans lequel se trouvait cet empire pour ne pouvoir lever une armée supérieure à 40 000 hommes, alors que lors des campagnes contre les Perses, Héraclius avait soulevé jusqu'à 80 000 hommes. Le centre d'action des armées romaines ne se trouve plus désormais à Antioche, et les frontières de l'Empire ne sont plus le Tigre et l'Euphrate, mais se situent du côté du Taurus, et le centre d'action des armées est Césarée de Cappadoce. L’Empire devient surtout un empire grec, recentralisé qui est, du coup, plus à même de défendre ces frontières orientales, et feront de cet empire, dit « byzantin », une des premières puissances des siècles durant. Le Moyen-Orient, qui se trouvait sous influence grecque puis romaine depuis Alexandre le Grand, se trouve désormais sous influence arabe qui vont imposer progressivement leur langue et favoriser leur religion au détriment des populations syriaque, phénicienne, grecque et celles descendant des colons romains. Les populations des grandes villes sont remplacées par des colons arabes qui viennent s'installer avec leurs tribus et créer une élite, laquelle nécessite de devenir musulman pour pouvoir y participer ; mais malgré cela les populations de Syrie, de Palestine et d'Égypte demeurent majoritairement chrétiennes pendant les siècles suivants, jusqu'à l'avènement des mamelouks au xiiie siècle.

    Les chrétiens orientaux (orthodoxes) sont encore appelés aujourd’hui « Roum » par les musulmans, en référence à leur origine romaine (et se considèrent de même catholiques romains jusqu'à maintenant alors que le schisme avec la papauté a eu lieu en 1054, le pape étant considéré par ces chrétiens comme uniquement l'évêque de Rome, successeur de saint Pierre, mais n'ayant pas de vocation universelle, car cette vocation ne peut se faire que dans la communion de toutes les églises, d'un point de vue orthodoxe).

    Pour le califat, cette bataille permet les premières conquêtes hors de l'Arabie, suivront la destruction de l'Empire perse, tout aussi épuisé que l'Empire romain. Ce qui ouvrira la voie aux conquérants musulmans qui imposeront leur hégémonie depuis l'Atlantique jusqu'au bord de l'Indus en moins de 150 ans, mais le califat se divisera tout aussi vite et lorsqu'auxe siècle Nicéphore Phocas reviendra du côté du Jourdain pour récupérer ces territoires jadis perdus, à ce moment, la grande puissance est de nouveau l'Empire romain d'Orient.

     

     

    Forces en présence                  Musumans

    Empire byzantin

    100 000 - 400 000 (sources primaires)
    15 000 - 100 000 (estimations modernes)

     

    24 000 - 40 000
    (sources primaires)
    15 000 - 40 000 (estimations modernes)

    Pertes

    70 000 - 120 000 (sources primaires)
    50 000+
    (estimations modernes)

    4 000

     

     

    Battaile d'al Qadisiyya

     

    guerres saintes

     

     
     
    Informations générales
    Date 636 environ
    Lieu Al-QâdisiyyaIrak
    Issue Victoire des musulmans
    Belligérants
    Perses sassanides Arabes musulmans
    Commandants
    Rostam Farrokhzad Sa`d ibn Abī Waqqās
    Forces en présence
    80 000 ? 30 000 ?
    Pertes
    22 500 ? 8500 ?
    Conquête musulmane de la Perse
     
    Coordonnées 31° 35′ 00″ Nord44° 30′ 00″ Est  
     
     

    Les années qui suivent la mort de Mahomet (juin 632) voient l'expansion arabe au Proche-Orient, notamment en Mésopotamie(l'actuel Irak). La conquête de la Mésopotamie se fait aux dépens de la dynastie perse des Sassanides, fondée en 226 apr. J.-C.. En 634, les Perses ont réussi à repousser une première armée d'invasion forte de 30 000 hommes2.

    Aux alentours de l'année 6361Rostam Farrokhzād, conseiller et général de Yazdgard III (r. 632 - 651), mène 80 000 soldats au-delà de l'Euphrate à la bataille d'al-Qâdisiyya. Certains l'ont critiqué pour sa décision de faire face aux Arabes sur leurs propres territoires - aux abords du désert - et ont dit que les Persans auraient pu tenir s'ils étaient restés sur la rive opposée de l'Euphrate.

    guerres saintesDéroulement

    Le calife `Omar déploie 30 000 cavaliers arabes sous le commandement de Sa`d ibn Abī Waqqās contre l'armée perse, forte de 120 000 hommes renforcée par ses vassaux arméniens 3 000 hommes commandés par le général Moušeł III fils de DawitMamikonian et les 1 000 hommes de Grigor II Novirak, prince de Siounie.

    Au premier jour de la bataille, la cavalerie arabe est mise en déroute par les éléphants de guerre perses. Le troisième jour, l'infanterie musulmane parvient à renverser la situation. Les Perses ont tenté de fuir. Le général perse Rostam Farrokhzād fut capturé et eut la tête tranchée. Moušeł III Mamikonian et deux de ses neveux ainsi que Grigor de Siounie et ses fils périrent également. Shahriyar de l'importante famille des Kanarangiyan fut également tué alors que les généraux Hurmurzan le Mèdeet Firuzan le Parsig s'enfuirent.

    D'après les sources musulmanes, les pertes des Perses ont été énormes, alors que les Arabes ne perdirent que 7 500 hommes. La taille des forces en présence et la disparité des pertes peuvent être des exagérations ultérieures, mais le fait que les Arabes aient gagné cette bataille est indiscutable. Une des conséquences directes de cette défaite fut la chute de la capitale de l'empire Ctésiphon dès l'année suivante.

     

    Battaile de Khaybar

     

     
    Bataille de Khaybar
    Informations générales
    Date mai628
    Lieu Khaybar, en Arabie saoudite
    Issue Victoire des musulmans
    Belligérants
    Muhammadseal2.jpgMusulmans Juifs de Khaybar
    Commandants
    Muhammadseal2.jpgMahomet,
    Muhammadseal2.jpgAli Ibn Abi Talib,
    Muhammadseal2.jpg Abu Bakr ,
    Muhammadseal2.jpg Omar ibn al-Khattâb ,
    Muhammadseal2.jpg Abd Allah ibn Rawaha
    Al Harith Ibn Abi Zaynab,
    Marhab Ibn Abi Zaynab
    Forces en présence
    1400 hommes 14000 hommes
    Pertes
    16 hommes 93 hommes
    Batailles entre Mahomet et les Juifs
     
     
    La Bataille de Khaybar ou Khaïbar (arabe : خيبر) a opposé, lors de la septième année de l'Hégire (628-629), Mahomet et ses fidèles aux Juifs vivant dans l'oasis de Khaybar, située à 150 kilomètres de Yathrib, actuelle Médine, dans la partie nord-ouest de la péninsule arabique, actuellement en Arabie saoudite. La ville était assez riche, bien fortifiée et majoritairement peuplée de juifs avant cette expédition, qui devint le symbole de la victoire musulmane sur les juifs.

    Les juifs furent vaincus. Ils se rendirent et durent payer une rançon à Mahomet et donner toutes leurs terres auxmusulmans. Les troupes de Mahomet décapitèrent Huyayy ibn Akhtab (en) de la tribu des Banu Nadir. Mais le restant des habitants juifs de Khaybar furent épargnés. Les juifs continuèrent à vivre dans l'oasis pendant encore plusieurs années, jusqu'à leur expulsion par le calife Omar. Des mesures radicales furent alors prises. Les taxes imposées aux juifs vaincus servirent de précédent pour la création d'un impôt appelé jizya, dont les dhimmi se trouvant dans un état musulman devaient s'acquitter. Les musulmans, eux, payant la zakat . Autre mesure: la confiscation des terres appartenant aux non-musulmans au profit de l'Oumma (communauté des musulmans).

    Khaybar au viie siècle

    Au viie siècle, Khaybar était habitée par des juifs, qui furent les premiers à mettre en culture l'oasis. Vivant de la plantation de palmiers dattiers, du commerce , de l'artisanat . ils avaient réussi à accumuler une richesse considérable. Certains objets trouvés par les musulmans dans une redoute à Khaybar tels qu'un engin de siège, 20 balles d'habitsyéménites et 500 capes, confirment une activité commerciale intense des juifs. Initialement les historiens expliquaient la présence de l'engin de siège en suggérant qu'il devait être utilisé pour régler des querelles entre les différentes familles de la communauté; il est actuellement admis par les universitaires, qu'il devait être entreposé dans ce dépôt pour une vente future de la même façon que des épées, des lances, des boucliers et d'autres armes étaient régulièrement vendus par les Juifs aux Arabes. De même, les habits et les capes devaient être entreposés pour la vente, car il parait difficilement concevable qu'une telle quantité de produits de luxe ait été uniquement pour les juifs de l'oasis2.

    guerres saintesL'oasis était divisée en trois régions : Al-Natat, Al-Shikk et Al-Katiba, probablement séparées par des obstacles naturels, tels que le désert, des coulées de lave ou des marais. Chacune de ces régions contenait plusieurs forteresses ou redoutes renfermant des habitations, des entrepôts et des écuries. Chaque forteresse était occupée par une famille séparée et entourée de champs cultivés et de palmeraies. Dans le but d'accroître leurs capacités défensives, les forteresses étaient perchées sur des collines ou des rochers debasalte.

    Raisons du combat

    Banu Nadir

    En 625, après sa défaite à la bataille de Uhud contre les armées de la Mecque, Mahomet expulsa la tribu juive des Banu Nadir de Médine qui tentèrent de l'assassiner. La plupart des Banu Nadir trouvèrent refuge à Khaybar. En 627, Huyayy ibn Akhtab, le chef des Banu Nadir, rejoignit les tribus bédouines des Qurayshet des Ghatafan pour assiéger les musulmans de Médine. Après la Bataille du fossé remportée par Mahomet et ses fidèles, ceux-ci assiégèrent les Banu Qurayza, la seule tribu juive restant encore à Médine. Akhtab et son fils se joignirent aux Banu Qurayza. Lors de leur reddition, accusés d'avoir violé l'engagement avec Mahomet en le niant devant l'armée de la coalition, tous les adultes mâles des Banu Qurayza, ainsi qu'Akhtab et son fils furent exécutés. Quant aux femmes et aux enfants, ils furent faits prisonniers et plus tard vendus contre des chevaux et des armes.

    Après la mort d'Akhtab, Abu al-Rafi ibn Abi al-Huqayq prit la tête des Banu Nadir à Khaybar. Al-Huqayq très vite approcha les tribus voisines pour lever une armée contre Mahomet. En apprenant cela, les musulmans, aidés par un Arabe parlant un dialecte juif, l'assassinèrent.

    Usayr ibn Zarim succéda à Al-Huqayq. D'après une source, il approcha aussi les Ghatafan et des rumeurs se répandirent qu'il avait l'intention d'attaquer la « capitale de Mahomet ». La volonté des Juifs de négocier avec Mahomet et l’incapacité de Mahomet de communiquer avec Khaybar, conduit ce dernier à envoyer des émissaires à Khaybar, pour inviter Usayr à Médine pour parlementer. Usayr avec trente hommes de sa tribu partirent pour Médine non armés. En chemin, Unays, un Musulman devint suspicieux de Usayr, qui aurait essayé par deux fois de lui prendre son poignard. Watt et Nomani tous les deux supposent que probablement Usayr avait changé d’avis concernant les négociations. Une querelle éclata entre les deux parties au sujet de la prophétie dans laquelle Unays fut blessé, mais tous les membres de la délégation juive, à l’exception d’un seul, furent tués.

    Raison de l’attaque

    L'attaque de Khaybar est la réponse au siège de Médine par leur alliance avec la Mecque lors de la Bataille du fossé. Les banu Nadir s'étant réfugiés à Khaybar ont fomenté et organisé la guerre contre Médine en s'alliant à Quraych. Huyayy ibn Akhtab, des Banu Nadir qui est à l'origine de cette bataille, sera exécuté à la fin de la bataille. Les autres seront relâchés et expulsés du Hijaz. Shibli Nomani voit l’alliance de Khaybar avec la tribu des Ghatafan, qui avait attaqué Mahomet lors de la Bataille du fossé comme la raison principale de la bataille. Il attire aussi l’attention sur l’action du chef des Banu Nadir, Huyayy ibn Akhtab, qui s’était joint aux Banu Qurayza et les avait poussé à attaquer Mahomet. Watt voit les intrigues des Banu Nadir à Khaybar comme motif principal de l’attaque. D’après Watt, les Banu Nadir avaient payé des tribus arabes pour combattre Mahomet, ne lui laissant que la solution d’attaquer Khaybar

    Interprétation de Stillman et Vaglieri

    La bataille de Khaybar est relatée comme une réponse à la bataille du fossé dans toutes les biographies classiques de MOhammed. De plus, William Montgomery Watt note la présence de la tribu juive des Banu Nadir à Khaybar, qui tentaient de rallier des tribus arabes contre Mahomet. Cependant plusieurs historiens contemporains, tel que Norman Stillman et Laura Veccia Vaglieri pensent que la principale raison ayant entraîné Mahomet à attaquer Khaybar était d'accroître son prestige parmi ses partisans, ainsi que d'augmenter son butin pour poursuivre ses conquêtes. La bataille se termina avec la victoire de Mahomet, ce qui lui permit de s'emparer de suffisamment d'argent et d'armes, ainsi que d'obtenir l'aide des tribus locales afin de s'emparer de La Mecque, juste 18 mois après la prise de Khaybar.

    Ainsi, certains historiens modernes affirment qu’une des raisons de la décision de Mahomet d’attaquer Khaybar, est la nécessité pour lui de remonter le moral de ses troupes et d’accroître son prestige qui avait été érodé par le traité de Houdaibiya, en mars 628. En plus, l’accord de Houdaibiya donnait stratégiquement à Mahomet l’assurance qu’il ne serait pas attaqué par les habitants de la Mecque pendant son expédition. Vaglieri soutient aussi que les Juifs étaient responsables de la coalition qui a assiégé les musulmans à la Bataille du fossé, mais suggère que l'histoire des attaques musulmanes peuvent avoir des raisons économiques similaires à d’autres attaques, tout au long de l’histoire. Ainsi, d’après Vaglieri, la conquête de Khaybar, permettait à Mahomet d’offrir un ample trésor à ses compagnons qui espéraient conquérir la Mecque et étaient déçus par le traité avec les Quraysh2. Stillman ajoute que Mahomet avait besoin d’une victoire pour montrer aux Bédouins, qui n’étaient pas étroitement liés au reste de la communauté musulmane, que l’alliance avec lui était payante.

    Situation politique

    Comme une guerre avec Mahomet semblait imminente, les Juifs de Khaybar signèrent une alliance avec les Juifs de l’oasis de Fadak. Ils réussirent aussi à persuader les bédouins de la tribu des Ghatafan de se joindre à eux en cas de guerre, avec la promesse de recevoir la moitié de leur récolte. Cependant, le manque d’autorité centrale à Khaybar empêcha toutes préparations défensives supplémentaires, et les querelles entre les différentes familles laissèrent les Juifs désorganisés. Les Banu Fazara, apparentés aux Ghatafan, offrirent aussi leur assistance à Khaybar, après leurs négociations infructueuses avec les musulmans.

    Le déroulement de la bataille

    Les musulmans marchèrent sur Khaybar en mai 628, Mouharram 7 AH. Selon différentes sources, l’armée de Mahomet comptait entre 1 400 et 1 800 hommes avec 100 à 200 chevaux. Quelques femmes musulmanes (y compris Umm Salama, l’une des épouses de Mahomet) s’étaient jointes à l’armée, afin de prendre soin des blessés.

    Avant la bataille, les habitants de Khaybar n’avaient aucun doute quant à la guerre. Cependant, la marche rapide des musulmans prit les Juifs par surprise. Ceci empêcha les Juifs d’organiser une défense centralisée, laissant ainsi à chaque famille le soin de défendre sa propre redoute fortifiée.

    Connaissant les conséquences des batailles de Mahomet avec les autres tribus juives, les Juifs de Khaybar opposèrent une résistance féroce, obligeant les musulmans à prendre chaque forteresse une par une. Pendant la bataille, les musulmans réussirent à empêcher les Ghatafan, alliés à Khaybar et forts d’environ 4 000 hommes de venir à leur secours. Une des raisons serait que les musulmans auraient acheté les Bédouins alliés des Juifs. Mais Watt suggère que des rumeurs d’attaque des musulmans contre les citadelles des Ghatafan auraient joué aussi un rôle.

    Les juifs, après une escarmouche plutôt sanglante devant une forteresse, évitèrent les combats en zone dégagée. La plupart des engagements consistaient à lancer des flèches d’une grande distance. En une occasion au moins, les musulmans furent capables de prendre d’assaut des forteresses. Il y avait aussi des combats d’homme à homme dont le plus fameux opposa Ali, cousin de Mahomet, à Marhab, un combattant arabe renommé.

    Dès la nuit tombée, Les juifs assiégés s’arrangeaient pour organiser le transfert d’hommes et de trésors d’une forteresse à l’autre, en fonction des besoins afin de rendre leur résistance plus efficace.

    Ni les juifs, ni les musulmans n’étaient préparés pour un siège prolongé, et des deux côtés, souffraient d’un manque de provisions. Les juifs initialement trop confiants en leur force avaient négligé de faire des réserves en eau, même pour un siège de courte durée.

    Après la prise par les musulmans des forteresses de an-Natat puis de celles de ash-Shiqq, la résistance faiblit. Les Juifs décidèrent de rencontrer Mahomet pour discuter des termes d’une reddition. Les gens de al-Waṭī et de al-Sulālim se rendirent aux musulmans en échange d’être traités avec indulgence, et les musulmans les épargnèrent. Mahomet accepta ces conditions et ne prit aucun bien de ces deux forteresses.

    Conséquences

    Mahomet rencontra Ibn Abi Al-Huqaiq, al-Katibah et al-Watih pour discuter les termes de la reddition générale. Selon les termes de l’accord, les juifs de Khaybar devaient évacuer la région et abandonner leur richesse. Les musulmans cesseraient la guerre et ne feraient de mal à aucun juif. Après l’accord, quelques juifs négocièrent la possibilité de rester dans l’oasis et de continuer à cultiver leurs terres contre le versement de la moitié de leur récolte. Mahomet accepta cette proposition. Il ordonna aussi la restitution aux juifs de leurs livres saints.

    Selon la version de Ibn Hisham le pacte avec les habitants de Khaybar avait été conclu sous la condition que les musulmans « pouvaient vous [les juifs de Khaybar] expulser si et quand ils le désireraient ». Norman Stillman pense que ce n’est probablement qu’une interpolation ultérieure dans le but de justifier l’expulsion des juifs en 642. L’accord avec les juifs de Khaybar servit de précédent important pour la loi islamique en déterminant le statut des dhimmis.

    Après avoir pris connaissance du traité, le peuple de Fadak, allié à Khaybar pendant la bataille envoya Muhayyisa b. Massoud rencontrer Mahomet afin que les gens de Fadak soient traités avec indulgence contre leur reddition. Un traité similaire à celui de Khaybar fut signé avec Fadak.

    Mahomet choisit une des femmes juives comme épouse. Elle s’appelait Safiyya bint Huyayy, et était la fille du chef des Banu Nadir, Huyayy ibn Akhtab, tué lors des combats de Médine, et la veuve de Kinana ibn al-Rabi, le trésorier des Banu Nadir. Selon Ibn Ishaq, quand Mahomet lui demanda où se trouvait le trésor de la tribu, al-Rabi nia savoir où il se trouvait. Un juif dit alors à Mahomet qu’il avait vu chaque matin al-Rabi près d’une certaine ruine. Quand les ruines furent excavées, on trouva une partie du trésor. Mahomet ordonna à, Al-Zubayr de torturer al-Rabi jusqu’à ce qu’il révèle où se trouvait le reste du trésor, en vain, puis Muhammad ibn Maslamah l'a lui-même décapité, pour venger la mort de son frère lors de la bataille. Les historiens modernes n'apportent que peu de crédit à ce récit, basés sur des légendes héroïques prônant la supériorité des arabes.

    Les biographies de Mahomet rapportent qu’une femme juive de la tribu des Banu Nadir essaya d’empoisonner Mahomet pour venger ses parents exécutés. Elle empoisonna une pièce d’agneau qu’elle cuisait pour Mahomet et son ami, mettant spécialement beaucoup de poison dans l’épaule, la partie de l’agneau favorite de Mahomet. La tentative d’empoisonnement échoua, car il est raconté que Mahomet recracha la viande, sentant qu’elle était empoisonnée, tandis que son ami la mangea et mourut. Elle prétendit avoir empoisonné l'agneau pour tester la prophétie de Mahomet. Les compagnons de Mahomet racontèrent que sur son lit de mort, Mahomet leur dit que sa maladie était le résultat de cet empoisonnement.

    La victoire contre Khaybar augmenta grandement le prestige de Mahomet parmi ses fidèles et les tribus bédouines locales, qui voyant sa puissance décidèrent de lui jurer allégeance et de se convertir à l’Islam. Le trésor et les armes capturés augmentèrent encore la force de son armée et il put ainsi capturer La Mecque juste 18 mois après Khaybar.

    La bataille dans la littérature classique musulmane

    Les biographes traditionnels musulmans de Mahomet racontent que lors de l’attaque d’une des forteresses, tout d’abord Abou Bakr, puis Omar, se portèrent directement à la tête des attaquants afin de briser la résistance des juifs, mais que tous les deux échouèrent. Selon la tradition musulmane, Mahomet appela alors son cousin et porteur d’étendard Ali, qui tua un chef juif d’un seul coup d’épée, en coupant en deux le casque, la tête et le corps de la victime. Ayant perdu son bouclier, Ali aurait soulevé les deux portes de la forteresse hors de leurs gonds, serait descendu dans le fossé et aurait fait un pont avec les deux portes, permettant ainsi aux attaquants de pénétrer dans la forteresse. Les portes étaient si lourdes, qu’il fallut quarante hommes pour les remettre en place. Cette histoire du point de vue musulman et plus particulièrement des Chiites fait de Ali le prototype du héros.